Par Frédéric OCQUETEAU. Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique, 2016, 3, 349-383.
Qu’est-ce qu’une police déontologique ? Dans l’idéal, c’est une police professionnalisée qui assure la sécurité, maintient l’ordre publie et se renseigne en agissant sans tuer, sans (se) corrompre, sans discriminer, avec le plus grand discernement possible. Dans la pratique française d’aujourd’hui, l’article montre, au-delà de la justice pénale, comment elle s’adapte à cet idéal en se référant à un nouveau code de valeurs traduites en droits et devoirs communs avec la Gendarmerie, par le biais d’instances de régulations variées. Sont examinés notamment : le pouvoir de contrôle d’instances disciplinaires centrales, telles la nouvelle Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN), le rôle du Médiateur interne de la Police Nationale (MIPN) censé prévenir les contentieux du travail avec les hiérarchies, et l’institution du Défenseur des Droits (DDD) agissant en défense des victimes d’abus de la force publique.
L’article mesure moins l’impact de l’efficacité de ces différents dispositifs sur les comportements policiers que les justifications respectives de leur rôle instrumental par ses mandataires, dans le processus de disciplinarisation générale des fonctionnaires de police. Il montre l’évolution historique de ces dispositifs et leur concurrence symbolique, à partir de la différence de ressources et moyens dont chacun est dépositaire, dans le contexte des attentes ambivalentes de l’environnement sociopolitique sécuritaire de l’époque