Le Cesdip en bref
Le Cesdip occupe une place particulière dans le paysage des laboratoires de SHS en France, en raison de sa spécialisation historique dans un champ, celui des institutions pénales et des déviances, mais aussi du fait de la structuration de ses tutelles qui sont au nombre de quatre : le CNRS, le Ministère de la Justice, l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (Université Paris-Saclay) et Cergy Paris Université (CYU). Un bref rappel de la genèse du laboratoire permet de prendre la mesure de sa position singulière comme de son rôle dans l’articulation entre mondes professionnels, institutions publiques, monde de la recherche et société civile.
En 1968, le Ministère de la Justice crée en son sein le Service d’Études Pénales et Criminologiques (SEPC), sous l’impulsion de Philippe Robert. Ce service se voit alors confier des missions de recherche sur le fonctionnement des institutions judiciaires ainsi que le suivi du Compte Général de l’Administration de la Justice, c’est-à-dire la statistique judiciaire. Parallèlement, ce même SEPC développe des coopérations scientifiques avec le Canada et plusieurs pays européens, qui conduiront à la création de la revue internationale Déviance et Société (1977) puis à la création du Groupe Européen de Recherche sur les Normativités – GERN – (1986). Afin d’assurer son assise scientifique et de garantir son indépendance, le SEPC passe en 1983 sous la double tutelle du CNRS et du Ministère de la Justice et devient le Cesdip. Son fonctionnement est régi par une convention, qui s’inscrit elle-même dans un accord-cadre entre ces deux tutelles. Les chercheur·es relèvent alors du statut CNRS. En 1995, le Ministère de la Justice, qui héberge le Cesdip dans ses locaux et lui fournit l’essentiel de ses crédits de fonctionnement, décide de déménager le laboratoire à Saint-Quentin-en-Yvelines, à proximité de l’Université. Progressivement, une coopération avec celle-ci se construit, qui se traduit par l’intervention de membres du Cesdip dans des enseignements et le suivi de thèses. En 2006, l’UVSQ devient la troisième tutelle du Cesdip, ce qui conduit à l’arrivée de quatre enseignants-chercheurs au sein du laboratoire et au recrutement d’un ingénieur statisticien en CDD, renouvelé régulièrement depuis 2014.
En 2014, la création du nouvel établissement de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye (sous la double responsabilité de l’UVSQ et de CYU) s’inscrit dans une démarche collective impliquant la plupart des enseignant·es-chercheur·es du Cesdip ainsi qu’une partie des chercheur·es CNRS et conduit à repenser une nouvelle fois l’architecture des tutelles du laboratoire. Le partenariat avec Sciences Po Saint-Germain-en-Laye témoigne de la volonté d’étendre et de diversifier les publics auprès desquels se réalise la diffusion des savoirs, de former un plus grand nombre d’étudiant·es aux méthodes d’analyse des phénomènes relevant des normes, de la déviance et de la chaîne pénale et, à plus long terme, de constituer un vivier de jeunes chercheur·es aptes à élargir et à approfondir nos champs de recherche. Le positionnement antérieur d’enseignant·es-chercheur·es de CYU sur nos thèmes a également encouragé cette coopération. C’est donc naturellement que CYU est devenue la quatrième tutelle du Cesdip, à partir de 2015.
Actuellement, le Cesdip est implanté à Saint-Quentin-en-Yvelines, à proximité de la faculté de Droit et Science Politique et de l’UFR des sciences sociales, dans des locaux loués par le Ministère de la Justice.
Organisation de l’unité
Le fonctionnement général du Cesdip est régi par une convention quadripartite associant ses quatre tutelles : CNRS, Ministère de la Justice, UVSQ et CYU. Celle-ci réaffirme l’intérêt, rappelé lors des réunions des tutelles au laboratoire, de disposer d’un laboratoire de sciences sociales spécialisé sur les questions de justice et de sécurité, capable de faire le lien entre la recherche, les professionnel·les et les responsables politiques. Le Cesdip associe en son sein politistes, sociologues, historiens, juristes et statisticiens, maniant méthodes qualitatives et quantitatives. Le Cesdip est ainsi rattaché aux sections 36 et 40 du CNRS.
Cet ancrage pluridisciplinaire favorise une vision plurielle et diversement documentée de la déviance et de son traitement. Les phénomènes qualifiés de déviants ou délinquants sont étudiés comme le produit des interactions entre des environnements, des institutions (de régulation ou de répression), des milieux et groupes sociaux, des pratiques et des parcours biographiques, interactions au sein desquelles se définissent et se façonnent les normes acceptables, allant des formes ordinaires du contrôle social aux procédures formelles du traitement pénal.
L’unité thématique d’ensemble favorise les coopérations au sein du laboratoire entre les membres. Le regroupement de connaissances – sur un domaine commun ou une institution particulière – et de compétences diverses – approches épistémologiques et méthodologiques variées – dans une unité à taille humaine permet en effet de construire des groupes de travail ad hoc et d’ouvrir de nouveaux chantiers. L’augmentation du nombre de doctorant·es, la multiplication des collaborations avec d’autres laboratoires et entités de recherches, le niveau élevé de coopération internationale ainsi que l’entretien d’échanges constants et nourris avec les professionnel·les alimentent les dynamiques de recherche dans des champs historiquement investis et dans de nouveaux champs encore inexplorés (cf. infra), malgré un effectif de chercheur·es et EC relativement restreint.
Du point de vue du fonctionnement, on notera que le GERN, structure de coopération européenne, qui n’a plus le statut de GDRE depuis 2012, conserve cependant une organisation spécifique au sein du Cesdip. Doté d’un directeur (Fabien Jobard, DR CNRS) et d’un secrétaire général (Daniel Ventre, IR CNRS), le GERN anime un réseau dynamique – écoles d’été, séminaires thématiques, programmes de recherche – dont bénéficient l’ensemble des chercheur·es, enseignant·es-chercheur·es et doctorant·es du laboratoire (cf. infra).
Il est dirigé par Jacques de Maillard, assisté d’une directrice-adjointe : Mathilde Darley, qui succèdent à Philippe Robert, Claude Faugeron, René Lévy, Laurent Mucchielli, Fabien Jobard et Christian Mouhanna.