Par J. de Maillard, C. Gayet, S. Roché, M. Zagrodzki, in Observatoire national de la politique de la ville, Bien vivre dans les quartiers prioritaires. Rapport 2019

 

L’enjeu de l’amélioration des relations police-population n’est pas nouveau. Dès les années 1970, plusieurs rapports, dont le rapport Peyrefitte, font le constat d’un problème dans les rapports police-population en milieu urbain. Des propositions sont alors faites pour développer l’îlotage et une meilleure connaissance du territoire et des habitants par les forces de l’ordre. En outre, les études dont l’objectif est de mesurer les relations entre les polices et les populations se sont développées en France à partir de ces années. Elles sont, dans une première phase, peu nombreuses, conduites par des instituts de sondage à l’occasion des événements ou des crises politiques et policières et sans s’inscrire dans un cadre théorique d’analyse.

Trois facteurs vont redynamiser la recherche française à ce sujet à partir des années 1990 et surtout 2000. Ce sont, d’abord, les projets de recherche européens qui veulent faire progresser la qualité des indicateurs mesurant les concepts de confiance et de légitimité (en particulier le projet Eurojustis-France, l’ESS 2010, Polis et UPYC). Se sont ensuite multipliées les études ethnographiques sur les relations des citoyens à la police et d’autres études qualitatives sur l’identité ethnique et la ségrégation spatiale et leurs effets, mais aussi des travaux quantitatifs sur les contrôles d’identité (par exemple l’étude Cesdip-Open Society Foundation). Enfin apparaissent des enquêtes réalisées par des organes de défense des droits fondamentaux comme le Défenseur des droits ou l’Agence européenne pour les droits fondamentaux et les enquêtes cadre de vie et sécurité (CVS) de l’Insee avec l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), puis plus tard le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) sur la mesure de la satisfaction vis-à-vis de l’accueil dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie.

Cette présentation s’organisera en quatre temps. Nous présenterons d’abord les résultats des grandes enquêtes quantitatives en France (1). Les deux parties suivantes s’attacheront aux résultats des recherches plus spécifiquement dédiées aux quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), en livrant les résultats de la longue tradition de recherche ethnographique (2), puis les résultats des enquêtes quantitatives (3). Enfin, nous terminerons en scrutant les dimensions multiples d’une pratique au cœur des malentendus et tensions des relations police-population : les contrôles d’identité (4).