Cet axe revisite profondément un objet traditionnel du CESDIP – la question des déviances – pour tenir compte à la fois des évolutions profondes des sociétés contemporaines, et de l’arrivée de nouveaux chercheurs au sein du laboratoire. Adossé à des coopérations suivies avec les Services Statistiques Ministériels Justice et Sécurité Intérieure, avec l’INSEE et l’IAU-IdF, un Observatoire scientifique du crime et de la Justice (R. Zauberman, Ph. Robert, A. Jardin, I. Sahed, F. Jouwahri, J. Noble ; voir son site : www.oscj.cesdip.fr) a été créé. Il confronte dans la durée données d’enquêtes de victimation et statistiques policières et judiciaires, pour mesurer les délinquances et analyser l’insécurité (ANR Insocpol avec l’OSC). En particulier, A. Jardin prépare un projet ERC qui suture le très long terme de la statistique judiciaire historique avec ses données contemporaines, et leur confrontation à des statistiques sociodémographiques, prolongeant ainsi les travaux de B. Aubusson et F. Vesentini. J. Noble développe également, de concert avec l’ONDT et l’IAU-IdF (Institut d’Urbanisme et d’Aménagement d’Ile-de-France), un programme sur l’insécurité dans les transports en commun franciliens.
Une des innovations importantes au CESDIP ces dernières années réside dans le développement des recherches qui investissent la question des engagements civiques et du rapport à la citoyenneté. Elles interrogent notamment les liens entre citoyenneté et école, citoyenneté et handicap, citoyenneté et engagements ordinaires auprès de personnes marginalisées (sans-abris, migrants, etc.) avec les travaux de C. Gayet-Viaud et C. Braconnier, mais également autour des logiques de désengagement, et en particulier les pratiques d’abstention électorale, étudiées par C. Braconnier. Dans ce cadre, la recherche engagée par R. Epstein pour le Commissariat général à l’égalité des territoires autour des formations « à la laïcité et aux valeurs de la République », et rassemblant plusieurs autres membres du CESDIP (C. Gayet-Viaud, E. Ormières), favorise les synergies internes.
Il est également à noter que le CESDIP poursuit, au travers des travaux de D. Duprez sur les trajectoires délinquantes des mineurs en France et au Brésil (travaux poursuivis dans le cadre d’un projet Capes-Cofecub), les recherches relatives aux pratiques déviantes, tandis qu’A. Kensey continue d’interroger les facteurs conditionnant la récidive. Sous un angle complémentaire, les recherches développées sur la désistance (avec les deux thèses de V. Benazeth et A. Gaïa encadrées par Ph. Robert et R. Zauberman) vont être approfondies, et les liens internationaux consolidés (publications collectives en anglais et français à venir, notamment au travers d’un partenariat avec l’Université de Sheffield).
Enfin, un dernier sous-thème rassemble l’analyse des radicalités violentes. X. Crettiez a investi le champ à la suite de ses travaux sur les mouvements nationalistes violents, et désormais sur le courant djihadiste opérant en France à travers la mobilisation des outils de la sociologie des engagements. De nombreux projets, encouragés par les autorités scientifiques et judiciaires, se sont ajoutés à ce qui est devenu une préoccupation majeure pour les différentes disciplines des sciences sociales. Plusieurs chercheurs du CESDIP (O. Cahn, X. Crettiez) participent à l’ANR Vioramil visant la constitution d’une base de données sur les militantismes violents. Un projet porté collectivement par A. Jardin, C. Mouhanna et X. Crettiez vise la création d’une base de données sur le djihadisme français à partir des dossiers des condamnés pour terrorisme islamiste mis à disposition par le parquet général de Paris. Une thèse (T. Le Gall) dans le cadre de l’UCP a été lancée sur les mineurs radicalisés. A tout cela viennent s’ajouter les travaux d’E. Baillergeau sur la prévention du radicalisme violent ou encore de V. Sansico et O. Cahn sur le traitement judiciaire de la violence politique. Dans ce thème de recherche, on notera que la poursuite de sa recherche (post-)doctorale de B. Laumond sur la lutte contre l’extrême droite en France et en Allemagne vient utilement décentrer le regard, en interrogeant l’action publique conduite contre d’autres formes de radicalités politiques potentiellement violentes.