Par Bénédicte Laumond, Raisons Politiques, 78(2), p. 109-122.
Cet article s’intéresse aux modes de régulation du radicalisme de droite à l’aune des cas français et allemand. L’analyse se confronte au dilemme de la tolérance rencontré par les démocraties libérales et fondé sur le choix entre autoriser des forces hostiles à la démocratie et courir le risque d’être fragilisé par celles-ci, ou les réprimer et empêcher des citoyens d’exercer leurs libertés fondamentales. Nous croisons les résultats d’une campagne d’entretiens menée entre 2014 et 2017 auprès des acteurs répondant au radicalisme de droite en Allemagne et en France et la littérature sur la démocratie militante.
L’examen des représentations qu’ont les acteurs publics du radicalisme de droite permet d’identifier des rapports différenciés au politique. Nous observons dans les deux cas que les acteurs étatiques entreprennent des processus de catégorisation du politique qui contribuent à ériger les frontières de l’ordre politique démocratique. Mais deux modèles de régulation se dessinent : l’Allemagne se rapproche du modèle social de défense démocratique, tandis que la France oscille entre politisation et dépolitisation de la lutte contre le radicalisme de droite.