FRITSCH Katharina

Résumé : Ma thèse traite des mobilisations politiques et culturelles de la diaspora comorienne à Marseille. Je m’appuie sur les approches postcoloniales et intersectionnelles sur les la « diaspora », la « culture » et l’« identité », sur la notion de discours, du dispositif et de la biopolitique selon Foucault ainsi que sur les approches performatives de la subjectivation. Sur la base de cette approche théorique, j’analyse ce que j’appelle un dispositif de communautarisation, c’est-à-dire les processus du gouvernement (de soi) des communautés comoriennes par les discours, les pratiques, les institutions et les processus de subjectivation. Ces processus du gouvernement (de soi) sont analysés selon trois dimensions, notamment les espaces, les marchés culturels et les politiques de communautarisation.

Suivant une approche ethnographique, je me concentre sur les mobilisations et événements culturels et politiques de la « communauté comorienne » à Marseille. Le matériau empirique comprend des entretiens avec les acteur.e.s impliqué.e.s dans les événements, des observations participantes et des analyses documentaires. En tant que chercheuse, je me considère comme faisant partie intégrante des événements. Cela me permet d’interroger les positions et les rapports de pouvoir dans des contextes de recherche postcoloniaux.

Dans mon analyse des espaces, je montre comment l’assignation des communautés comoriennes à certains espaces dans la ville de Marseille, plus particulièrement les « quartiers Nord » et les « salles de fêtes » , est le résultat des politiques culturelles, sociales et sécuritaires de la ville aussi bien que des pratiques communautaires. Dans l’analyse des marchés culturels, je me focalise sur la pratique musicale du twarab en tant que marché culturel diasporique et le concours de talents « Etoiles Rasmi » comme une forme de « l’entrepreneuriat culturel ». Dans l’analyse de la politique locale, je mets l’accent sur le rôle des communautés ethnicisées en tant que ressource politique pour les politicien.ne.s franco-comorien.ne.s et les partis politiques. L’analyse des trois dimensions montre le rôle de la catégorie de « l’ethnicité » dans le dispositif de la communitarisation, qui est également imbriquée avec d’autres catégories sociales, en particulier la localité/les classes d’âge, la classe sociale, le genre et la génération. Dans ma thèse, je soutiens que les processus de communautarisation reflètent un contexte d’une France postcoloniale, où les communautés ethnicisées ont été marquées comme « l’Autre » de la « communauté nationale ». Dans ce contexte, les mobilisations de la part des communautés ethnicisées négocient et contestent ces inégalités postcoloniales qui se manifestent aussi dans des discours sur le « communautarisme ».

• Directrice : Birgit Sauer (directrice/Département de Science Politique, Université de Vienne/Autriche)
• Co-directrice : Birgit Englert (Département des Études Africaines/Université de Vienne/Autriche)
• Date de soutenance : 22 octobre 2018