Par Mathilde Darley et Camille Lancelevée (dir.). Sociétés contemporaines, vol. 3, n°103, 2016.

 

soco_103_l204Dans une société qui promeut le respect de la vie privée, la liberté et la mobilité, les lieux d’enfermement, particulièrement la prison et l’hôpital psychiatrique, ont un caractère problématique. Ils semblent néanmoins survivre à la critique et se pérenniser. On assiste aujourd’hui à la résurgence de pratiques de contrainte au sein d’institutions ayant pourtant fait de leur (re)légitimation sociale le fil directeur de leurs réformes. Comment les professionnels entre les murs s’accommodent-ils de cette tension ?
Pour tenter de répondre à cette question, ce dossier s’intéresse aux pratiques quotidiennes visant à réduire le trouble induit par les injonctions contradictoires faites à l’institution. Christian Mouhanna analyse les conséquences organisationnelles et professionnelles, notamment pour les magistrats et les directeurs d’établissements pénitentiaires, d’un double impératif de sévérité pénale et de réduction de la surpopulation carcérale en France. Christopher Young étudie les effets de l’intégration d’un personnel soignant dans les prisons suisses, qui remet en question les règles de fonctionnement de l’institution carcérale ainsi que l’identité professionnelle des agents pénitentiaires. Livia Velpry se penche sur le lien entre enfermement, dangerosité et soin dans les unités pour malades difficiles en France, et analyse leur rapport avec le système de prise en charge psychiatrique ordinaire. À partir de l’exemple d’une prison allemande pour femmes, Camille Lancelevée observe le malaise des agents pénitentiaires face à l’exercice de la contrainte physique, et analyse la mobilisation d’un savoir psychologique pour traiter les comportements déviants en détention.

 

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