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Le 14ème Congrès de l’AFSP se déroulera du 10 au 12 juillet 2017 à la Faculté de Droit et de Science politique de l’Université de Montpellier. Pour la première fois de son histoire, l’Association organisera son Congrès national dans l’une des villes les plus importantes de l’axe méditerranéen. Ce nouveau rendez-vous de la science politique française se déroulera en partenariat avec la Faculté de Droit et de Science politique de l’Université de Montpellier, le CEPEL et le CIRAD. Par son ampleur (près de 1000 congressistes sont attendus), ce Congrès permettra de mettre à l’honneur l’un des pôles les plus dynamiques de la science politique française en région. Il renforcera également la structuration future des recherches entre les différents pôles scientifiques de la discipline.
Ce Congrès sera structuré autour de trois séries d’activités distinctes :
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Cette section thématique, organisée par Vincent Béal (SAGE – Université de Strasbourg), Renaud Epstein (CESDIP – Sciences Po Saint-Germain-en-Laye) et Gilles Pinson (Centre Émile Durkheim, Sciences Po Bordeaux), vise à revenir sur une série de questions classiques de la sociologie de l’action publique en les considérant au prisme des circulations.
Quelle que soit l’échelle à laquelle on la considère – internationale, nationale ou infra-nationale – l’action publique procède désormais largement d’imitations ou d’emprunts exogènes. Souvent présentés sous l’angle de la radicale nouveauté, les transferts d’un espace politique vers un autre s’inscrivent pourtant dans l’histoire longue de la gestion publique, en particulier pour les gouvernements urbains (Saunier, 2002). Il n’en reste pas moins que la globalisation économique, la montée en puissance des organisations inter/transnationales, l’européanisation des politiques publiques et les restructurations étatiques contemporaines se sont accompagnées d’une intensification de la circulation des expériences et des modèles, des savoirs et des pratiques, des instruments et des formats organisationnels : l’imitation, l’emprunt, la légitimation par l’importation sont désormais bien souvent considérés comme les leviers de l’innovation publique, et constituent un moteur des processus de convergence voire de standardisation des politiques publiques (Ancelovici et Jenson, 2012).
L’étude de ces circulations constitue un champ bien balisé des sciences sociales (Delpeuch, 2008 ; Vauchez, 2013), au carrefour de la science politique (Dolowitz et Marsh, 2000 ; Raddaeli, 2000 ; Evans, 2004), de la sociologie (Powell, DiMaggio, 1991 ; Dezalay, Garth, 2011), de la géographie (McCann, Ward, 2011 ; Peck, 2011) et de l’urbanisme (Espaces et Sociétés, 2007). Bien qu’inscrites dans des traditions disciplinaires diverses et portant sur des échelles, des territoires et des objets qui le sont tout autant, les recherches sur les circulations (analysées en termes de diffusion, de transferts, de policy mobilities…) convergent sur un point : l’intensification des circulations participe d’un processus de désétatisation et de dénationalisation des politiques publiques (Hassenteufel et Maillard, 2013), et constitue tout à la fois un indice et un moteur des processus de redistribution du pouvoir entre échelons politiques, dont les villes sont souvent présentées comme les grandes gagnantes.
A cette échelle urbaine, l’intensification récente des circulations est ainsi révélatrice d’une transformation profonde du contexte dans lequel les villes évoluent et des modalités de leur gouvernement. En l’espace de quelques années, les villes sont devenues des points d’ancrages essentiels des dynamiques de la globalisation néolibérale (Brenner, 2004). Dans un contexte de globalisation, d’intensification de la compétition entre les territoires et de « desserrement du verrou de l’Etat » (Le Galès, 1999), les acteurs locaux se tournent de façon croissante vers des expériences exogènes – souvent présentées comme des « modèles » et distinguées comme tels par des prix, trophées ou labels – pour construire les stratégies et politiques urbaines. Cette évolution s’est accompagnée de la constitution, aux échelles nationale, européenne et internationale, d’un véritable secteur de la consultance propre aux questions urbaines et de la multiplication des réseaux des villes, voyages d’études, salons et congrès ou encore guides de « bonnes pratiques » qui fonctionnent comme des accélérateurs de la diffusion et de la circulation des politiques urbaines considérées comme innovantes ou exemplaires.
Cette section thématique cherche plus particulièrement à questionner la transformation des modalités de gouvernement des villes que révèlent – et qui résultent de – ces circulations, en partant du constat que cette dimension a, pour l’heure, été analysée principalement par des chercheurs en géographie et en études urbaines. Pour ce faire, elle aborde les deux axes thématiques suivants.
La multiplication des circulations a souvent été appréhendée comme un signe de l’affaiblissement des Etats et de l’obsolescence du cadre stato-national comme espace de référence principal de la construction des politiques publiques. Toutefois, des travaux récents montrent que les Etats ne sont pas totalement absents de ces processus et qu’ils peuvent même se repositionner dans la gouvernance multi-niveaux en suscitant des circulations et en organisant la capitalisation des « bonnes pratiques » (Béal, Epstein, Pinson, 2015). Ainsi, l’orchestration et le cadrage des circulations seraient devenus un instrument essentiel de gouvernement, notamment pour les niveaux les moins impliqués dans la mise en œuvre des politiques publiques, comme le montre l’essor récent dispositifs européens ou nationaux visant à décerner labels et prix aux gouvernements locaux et régionaux. Dans ce contexte, il s’agira d’interroger la place des circulations dans la transformation des rapports entre niveaux de gouvernement. Quels sont les dispositifs et les instruments mis en place pour encourager et cadrer les circulations ? Est-ce que ces dispositifs visant à désigner les « bons élèves » génèrent uniquement des comportements compétitifs ou sont-ils l’occasion de l’établissement de rapports de coopération ? En quoi ces dispositifs contribuent à renouveler les modèles d’intervention territoriale ? Et au final, quels nouveaux équilibres et rapports de force entre niveaux résultent de cette multiplication et multilatéralisation des circulations ?
Si les circulations ont fait évoluer les rapports inter-scalaires, elles ont également un rôle croissant dans le gouvernement des villes, qui sont aujourd’hui considérées comme des espaces politiques fragmentés, pluralistes où les acteurs sont nombreux et les ressources dispersées. La mise en valeur d’exemples extérieurs ou l’importation de recettes constituent donc des leviers mobilisées pour construire des politiques urbaines dans un contexte où les élus et techniciens peinent à identifier les groupes sociaux qui composent la ville et se saisir de leurs demandes. Du côté des villes exportatrices, les opportunités d’être reconnue comme une ville « modèle » sont sources de mobilisations collectives, voire d’émulation au sein des communautés techniques et politiques. Plus généralement, il s’agira aussi d’analyser les ressources que fournissent les circulations et les effets qu’elles produisent sur la hiérarchisation des acteurs de la gouvernance urbaine. Quelles ressources ces circulations offrent aux élus, techniciens, professionnels de la ville, agences et structures locales des partis politiques ? Dans quelles espaces (sphère de la production des politiques urbaines ou sphère de la compétition politique) ces ressources sont-elles mobilisées ? A l’inverse, on peut aussi s’interroger sur les limites de ces recompositions. En quoi le positionnement en tant que passeurs ou de champions de « solutions » innovantes et exportables permet-il de constituer un capital international ? Est-ce qu’à l’inverse le « capital d’autochtonie », compris comme la capacité à contrôler voire à censurer les mécanismes d’institutionnalisation des solutions importées, n’est-il pas une ressource encore plus puissante ? Quelle est la place dans ces mécanismes de recomposition des consultants experts de la traduction et de l’hybridation des modèles ?
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