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Clément Gérôme
Causes et conséquences du développement des consommations de cocaïne et de crack chez les personnes marginalisées
Clément Gérome est docteur en sociologie. Ses travaux de recherche portent sur les usages de drogues, les transformations des politiques sociales et du monde associatif. Il est chargé d’étude à l’Observatoire Français des drogues et des tendances addictives (OFDT) depuis 2018. Il assure notamment la coordination nationale du dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND). Il est également maître de conférence associé à l’université Paris-Est Créteil et chercheur associé au laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les transformations des pratiques éducatives et sociales (LIRTES)
Résumé : Cette communication vise à rendre compte des évolutions des consommations de cocaïne et de cocaïne basée (crack) chez les personnes marginalisées ces vingt dernières années en France en s’appuyant sur les enquêtes menées par l’Observatoire Français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Elle reviendra sur les facteurs qui expliquent la hausse de ces consommations, comme la plus grande disponibilité et qualité du produit et les multiples fonctions qu’il revêt dans la vie à la rue. Cette communication reviendra par ailleurs sur les conséquences de ce développement des consommations de cocaïne pour les professionnels intervenants auprès des consommateurs marginalisés.
Romain Busnel
Contester et administrer les politiques antidrogues au village : ethnographier les arts de faire dans les régions de production de coca au Pérou et en Bolivie
Romain Busnel est docteur en science politique à l’Université de Lille et l’Université de Montréal (cotutelle). Ses recherches, entreprises dans le cadre de sa thèse portant sur les cultivateurs de coca au Pérou et en Bolivie, s’intéressent aux rapports aux activités illicites et à l’État dans une perspective comparée. Actuellement chargé de recherches FRS-FNRS au CEVIPOL à l’Université Libre de Bruxelles, il poursuit ces réflexions autour des usages et réappropriations de la lutte anti-corruption au Mexique (ANR CORRUPT-AL) et des mobilisations de migrants à la frontière du Guatemala et du Mexique. Il a publié dans Critique Internationale, Cahiers des Amériques latines, Politix, Cultures & Conflits, European Review of Latin American and Caribbean Studies, International Journal of Drug Policy, Revista de Ciencia Política y Gobierno.
Résumé : Au Tropique de Cochabamba, en Bolivie, et dans la Vallée des fleuves Apurimac, Ene et Mantaro, au Pérou, plus de 90% de la production de la coca est destinée aux marchés illégaux de cocaïne. Dans le cadre d’un régime prohibitif global défini par une approche sur la réduction de l’offre de drogues, ces deux régions aux frontières des Andes et de l’Amazonie ont été le théâtre du déploiement de forces coercitives et de politiques de développement censées endiguer la culture de coca. Elles sont également devenues des foyers de contestation importants, comme en témoignent d’importantes mobilisations pour défendre la coca au cours des années 1990. Dès lors, comment se mettent en œuvre les politiques antidrogues dans un environnement marqué par la contestation ? Et que cette mise en œuvre permet-elle ? À rebours des analyses mettant dos à dos États et cultivateurs protestataires assujetti à l’économie de la drogue, cette présentation reviendra sur comment les politiques de « développement alternatif », censés fournir des solutions de remplacement aux cultivateurs sont retravaillées par les organisations sociales locales. Dans ces configurations, le recours à la mobilisation permet de réclamer l’État, le faire intervenir mais facilite également l’occupation de ses principales fonctions pour retracer, in fine, les frontières entre activités licites et illicites au village. La comparaison fine des relations et échanges politiques donne à voir des arts de faire fortement ancrés dans les systèmes politiques nationaux, bien éloignés des imaginaires d’opposition systématique des habitants à l’égard des États.