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Pierre Lascoumes est juriste et sociologue. Il a travaillé dans le domaine de la sociologie du droit et de la justice, puis il s’est spécialisé dans l’analyse des politiques publiques. Il est spécialisé dans l’histoire et la mise en œuvre des politiques environnementales, en particulier l’analyse de la gestion des risques et les actions menées au nom du « principe de précaution ». Il a aussi travaillé sur les politiques de lutte contre la délinquance économique et financière. Il mène aujourd’hui au CEE des enquêtes sur les représentations sociales de la corruption et la lutte anti-blanchiment.
Contrairement à beaucoup d’approches du « white collar crime », j’ai cherché dans ce livre à inverser le point de vue : je ne me suis pas focalisé sur les actes, sur les « affaires », mais sur leurs conditions de possibilité. J’ai voulu montrer les facteurs structuraux qui expliquent le rapport très distant entretenu par les élites avec les normes sociales et leur sanction. D’un côté, en tant que détenteurs du pouvoir les élites énoncent des règles générales qui s’imposent aux gouvernés ; de l’autre, elles ont établi pour elles des règles dérogatoires qui protègent leurs intérêts et leurs positions et dont elles conservent la maîtrise. Elles revendiquent sans cesse un droit à l’auto-régulation. De plus, un vaste répertoire de justification relativise leurs transgressions des normes communes. Il les neutralise en évacuant les responsabilités et requalifiant les fautes intentionnelles en erreurs excusables. Enfin, la faiblesse des sanctions institutionnelles, en particulier judiciaires assure la robustesse de ce système.
Le séminaire sera organisé en mode hybride : en présentiel pour l’intervenant et une partie du public depuis la salle de réunion du Cesdip, et par videoconférence.