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Intervenant : Laurent GAYER (CERI-Sciences Po)
« Hors-la-loi légal », en vertu des règles d’exemption dont elle bénéficie en matière d’usage de la violence, la police entretient par définition un rapport ambivalent au droit, renforcé par le pouvoir discrétionnaire qui lui est concédé. Les contraintes que lui impose le cadre légal d’usage de la force l’ont amenée à porter une critique procédurale de l’institution judiciaire, voire à s’y substituer pour administrer ses propres peines. Ce travail punitif de la police peut s’investir d’une signification justicière lorsqu’il se revendique publiquement d’un projet de rappel à l’ordre, social ou moral.
Du Brésil aux Philippines, les pratiques d’auto-justice policière ont gagné en intensité et en visibilité au cours des dernières années, dans le sillage d’un vaste mouvement de révolte contre l’État de droit et l’idéal correctionnel. Le sous-continent indien constitue un autre laboratoire de cette pénalité diffuse et désinhibée, qui culmine dans l’avènement de l’État justicier, garantissant l’impunité aux policiers autant qu’aux « honnêtes gens » résolus à se faire justice eux-mêmes, voire rétribuant leurs transgressions. C’est au processus de formation de telles configurations justicières que l’on s’intéressera ici, à travers la construction médiatique et les déboires judiciaires des « encounter specialists » d’Inde et du Pakistan – des virtuoses de la violence extrajudiciaire qui, depuis les années 1980, nourrissent de virulentes controverses sur les critères de la force légitime en Asie du Sud.
Le séminaire sera organisé en mode hybride : en présentiel pour l’intervenant et une partie du public depuis la salle de réunion du Cesdip, et par videoconférence.
Le lien sera fourni sur demande, en écrivant à l’adresse suivante : fischer@cesdip.fr