Sélectionner une page
Caroline Touraut Biographie de l’intervenant (premier): Caroline Touraut est docteure en sociologie, chargée d’études à la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP) et chercheuse associée au CESDIP. Elle est spécialiste des institutions publiques et plus spécifiquement du monde carcéral. Ses recherches, toutes fondées sur des études empiriques riches, visent à questionner les interfaces dedans-dehors, les expériences vécues par les usagers comme par les professionnels et les tensions entre les logiques institutionnelles plurielles à l’œuvre. Sa thèse a porté sur l’expérience carcérale élargie vécue par les familles de détenus (La famille à l’épreuve de la prison, PUF, 2012) et plus récemment, elle a travaillé sur le vieillissement et la perte d’autonomie en prison (Vieillir en prison. Punition et compassion, Champ social. Questions de société, 2019).
Le 23 janvier 2001, Robert Badinter, dans les colonnes du journal Le Monde, propose de libérer Maurice Papon, alors âgé de 91 ans et incarcéré pour complicité de crime contre l’humanité, arguant du fait que la détention d’un « vieillard » lui paraissait sans portée. Cette prise de position ouvre le débat sur la place des personnes détenues âgées en prison.
Aujourd’hui, les prisons accueillent un nombre croissant de détenus âgés, les personnes de 50 ans et plus représentant 11,9% de la population carcérale au 1er janvier 2018. Comment les personnes détenues âgées éprouvent-elles leur incarcération ? Quels regards portent les personnels de surveillance sur les détenus âgés et comment agissent-ils face à ce public ? Comment l’institution prend-elle en charge des personnes qui ont commis des actes qui imposent une punition et qui en raison de leur âge suscitent de la compassion ? En effet, les images sociales de la vieillesse, associées à une forte vulnérabilité, et celles des détenus, perçus sous le spectre de la dangerosité, peinent à s’articuler. Il s’agira dès lors dans cette intervention de questionner les désajustements et réajustements d’une institution face à un public nouveau qui vient interroger – et donc révéler – ses modes habituels de fonctionnement. Plus largement, le vieillissement en prison questionne de manière singulière le sens de la peine et ce qu’il est moralement acceptable en matière de droit de punir.