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Claire de Galembert, politiste, est chargée de recherche CNRS à l’Institut des Sciences Sociales du Politique (Paris Ouest-Nanterre/ENS Paris-Saclay). Ses travaux portent sur la régulation du religieux ainsi que sur le droit et la justice. Ses travaux portent depuis 2011 prioritairement sur la prison. Parmi ses dernières publications. De la religion en prison (avec Céline Béraud et Corine Rostaing) Presses Universitaires de Rennes, 2016. « Le » radical « , une nouvelle figure de dangerosité carcérale aux contours flous », Critique internationale, 3/2016 (N° 72), p. 53-71 ; La prison comme « laboratoire » des usages sociaux du droit (avec Corinne Rostaing) paru en 2014 dans la revue Droit et Société (n°87).
Depuis le début des années 2000 l’on a assisté à l’institutionnalisation d’une aumônerie musulmane des prisons dont l’essor doit beaucoup au volontarisme des pouvoirs publics. La sociogenèse de l’institution témoigne du rôle majeur tenu par les considérations sécuritaires dans l’intérêt que ceux-ci ont porté à une institution vue avant tout comme un outil de régulation de l’islam et une antidote à l’extrémisme religieux. Cette tendance à l’enrôlement sécuritaire des aumôniers musulmans, illustrative de l’usage qui peut être fait du religieux comme d’un rouage de gouvernementalité, n’a cessé de s’affirmer depuis, 2015 constituant un paroxysme dans cette injonction publique faite à l’aumônier de coopérer à la politique de lutte contre la radicalisation. Quel est l’impact de cette tentative d’enrôlement de l’aumônerie musulmane sur la définition même du rôle de l’aumônier et ses effets, y compris pervers, sur ses modes d’intervention sur le terrain ? L’intervention s’appuiera pour répondre à cette question sur une enquête réalisée avec Céline Béraud sur l’aumônerie musulmane entre 2017 et 2019.