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Sarah Mazouz (CNRS/CERAPS)
Docteure en sociologie (2010), Sarah Mazouz est chargée de recherche au CNRS rattachée au CERAPS. Elle a été auparavant Marie Curie Fellow à l’Université Humboldt de Berlin et postdoctorante au sein des programmes de l’ANR Global-Race et de l’ERC MORALS – Towards a Critical Moral Anthropolgy. Ses travaux portent sur l’anti-discrimination en France, les dispositifs publics d’insertion professionnelle à l’attention de jeunes issus de classes populaires et racialisés et les politiques de nationalité en France et en Allemagne. Ils se fondent sur une méthode ethnographique et mobilisent les Critical Race studies, la sociologie du droit, la sociologie des politiques publiques et l’anthropologie critique de la morale. Elle est l’auteure de La République et ses autres. Politiques de l’altérité dans la France des années 2000, Lyon, ENS-Editions, 2017. Elle a coordonné avec Véronique Bontemps et Chowra Makaremi l’ouvrage Entre accueil et rejet. Ce que les villes font aux migrants, Paris, Le Passager clandestin, 2018 et a participé à deux ouvrages en collaboration Juger, réprimer, accompagner. Essai sur la morale de l’Etat, Paris, Seuil, 2013 et At the Heart of State. The Moral World of Institutions, Londres, Pluto, Press, 2015. Parmi ses autres publications figurent des articles parus dans la Revue française de sociologie, Genèses. Sciences sociales et histoire, Droit et société, Politix, Raison politique et French Politics, Culture and Society.
« Les paradoxes républicains de l’altérité : nation, immigration et racialisation dans la France des années 2000 »
En revenant sur les discours et les pratiques qui se formalisent depuis une quinzaine d’années, Sarah Mazouz interrogera les « politiques françaises de l’altérité ». En présentant une double enquête ethnographique conduite dans les dispositifs étatiques de lutte contre les discriminations raciales et dans les bureaux de naturalisation d’une grande ville de la région parisienne, elle montrera comment s’articulent dans l’espace social immigration, nation et racialisation. Par l’analyse de ces deux politiques publiques, elle questionnera également les processus d’inclusion et d’exclusion à l’intérieur même du groupe national (via l’examen des modalités prises par l’anti-discrimination) et à l’extérieur, entre le national et l’étranger (à travers l’étude des pratiques de naturalisation). Ce faisant, elle s’attachera à saisir la relation paradoxale qui lie la République à ses autres et les logiques plurielles qui concourent à la production de l’ordre national.
Laure Bereni (CNRS/CMH)
Laure Bereni est chargée de recherche CNRS au Centre Maurice Halbwachs (CNRS/EHESS/ENS), et enseigne à l’EHESS et à Sciences Po. Après avoir travaillé sur les mobilisations pour la cause des femmes et la genèse des lois sur la parité, elle a consacré ses dernières enquêtes à l’analyse des discriminations et des dispositifs anti-discriminatoires dans les organisations de travail, en France et aux Etats-Unis. Elle a notamment publié : « ‘Faire de la diversité une richesse pour l’entreprise’. La transformation d’une contrainte juridique en catégorie managériale », Raisons politiques, 35, 2009 ; La bataille de la parité : mobilisations pour la féminisation du pouvoir, Economica, 2015 ; « Movement Institutions. The Bureaucratic Sources of Feminist Protest », Politics & Gender, 14(3), 2018 (avec A. Revillard) ; « Diriger comme un homme moderne. Les élites masculines de l’administration française face à la norme d’égalité des sexes », Actes de la recherche en sciences sociales, 223, 2018 (avec A. Jacquemart).
« La diversité, au-delà ou à côté du droit ? La managérialisation du droit anti-discriminatoire en France et aux Etats-Unis »
Depuis une trentaine d’années aux Etats-Unis, et une dizaine d’années en France, la plupart des grandes entreprises ont créé des dispositifs et des fonctions associées à la catégorie de « management de la diversité ». Fondée sur une enquête par entretiens auprès d’une centaine de cadres chargés d’animer quotidiennement ces programmes dans les sièges sociaux de multinationales basées dans les régions de New York et de Paris (2011-2016), ce papier explore les articulations concrètes, dans les organisations, entre le « management de la diversité » et le « respect du droit ». L’enquête met au jour des déclinaisons différenciées d’un même processus de « managérialisation du droit » anti-discriminatoire (Edelman 2016) : une managérialisation discontinue aux Etats-Unis, où « legal compliance » et « diversity management » apparaissent comme deux domaines devant être rigoureusement séparés ; une managérialisation continue en France, où la frontière entre les deux catégories est bien plus poreuse et labile. Le regard comparatif révèle ainsi des modalités plurielles d’agencement entre normes juridiques et gestionnaires au sein de grandes entreprises globalisées.