Contribution à la sociologie du travail de police judiciaire

par Laurent MUCCHIELLI – juin 2005

 

À partir du dépouillement d’une série de dossiers judiciaires (affaires d’assassinats, de meurtres et de coups mortels jugées dans une cour d’assises de la région parisienne) et d’une autre série de dossiers d’affaires non élucidées (archivés dans deux services de recherches de police et de gendarmerie de la même région), ainsi que d’entretiens approfondis avec des enquêteurs de police judiciaire, on propose ici une analyse des conditions d’élucidation des homicides. Le discours des professionnels est confronté à leurs pratiques, ce qui amène à inverser la hiérarchie des trois principaux facteurs d’élucidation : les investigations sur la scène de crime (appelées aussi « constatations initiales »), l’enquête de voisinage et la recherche des témoins. Les éléments humains fournis par les deux derniers facteurs sont en réalité les plus déterminants pour identifier des suspects.

En analysant la série d’affaires non élucidées, on établit ensuite une première typologie des causes de non-élucidation. Enfin, on analyse l’importance et la nature du travail de recherche des aveux, en soulignant les compétences relationnelles développées par les enquêteurs. Les conclusions de ce travail amènent à réfléchir sur l’évolution des pratiques et sur les représentations de l’impact des sciences et des techniques dans le travail de police judiciaire. Tout au long de l’analyse, on propose également une réflexion méthodologique sur l’enquête qualitative en sociologie.

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