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Julien Noble est docteur en Sociologie. Il est actuellement chargé d’étude au CESDIP et travaille avec l’équipe de recherche de l’Observatoire scientifique sur le crime et la justice (OSCJ). Ses recherches portent sur l’insécurité dans les transports collectifs. Son travail vise à identifier les causes de l’important taux de crainte dans les espaces de transport et à expliquer les variations individuelles en matière de perception du risque de victimation. Il est l’auteur d’un chapitre d’ouvrage intitulé : « quelles spécificités des méthodes d’investigation qualitatives pour étudier l’insécurité dans les transports publics urbains », dans Boucher M., Normes, déviances et réactions sociales : méthodes d’enquêtes et expériences de recherche, l’Harmattan, 2015, et de deux articles publiés dans la revue Déviance et Société « L’insécurité personnelle dans les transports en commun », 39, 3, 2015 et « L’insécurité personnelle et ses variations : pour une analyse dispositionnelle », 40, 3, 2016.
L’enquête victimation et sentiment d’insécurité réalisée par l’IAUîdF montre que près d’un francilien sur deux redoute d’être agressé ou volé dans les transports en commun. Basée sur une trentaine d’entretiens réalisés auprès d’étudiants de l’Université Paris 13, cette étude vise à rendre compte des mécanismes de production de ce phénomène social. Deux principaux résultats émergent de cette recherche. On identifie d’abord trois catégories de facteurs à l’origine de l’insécurité personnelle dans les transports collectifs. La première, de nature sociale, insiste sur la perception du risque suscitée par l’isolement et certaines catégories d’usagers. La seconde est liée aux modalités de fonctionnement des transports en commun, dont certaines caractéristiques renforcent la peur des voyageurs. La troisième porte sur l’architecture et plus spécifiquement sur le cloisonnement des espaces et ses différents effets selon le nombre d’usagers. À l’aide du concept de disposition, on propose ensuite une explication aux nombreuses variations individuelles en matière de perception du risque de victimation. On insiste alors sur le passé incorporé des enquêtés, façonné sur la base des expériences menaçantes, des représentations du danger et des caractéristiques individuelles de chacun, pour rendre compte de leurs réactions dans les situations présentes. Cette analyse permet de dégager deux profils d’usagers, chacun subdivisé en trois sous-profils. Les sécures d’abord rassemblent les fragiles, les assurés et les tranquilles. Les inquiets ensuite se répartissent entre les vigilants, les protégés et les résistants.